Un premier parti islamique a vu le jour au Canada, ce qui beaucoup fait
réagir dans le pays. Son fondateur, un certain Jawed Anwar, viserait Ã
faire appliquer la charia au pays de l'érable. Sputnik va plus loin sur
cet événement avec l'essayiste Waleed al-Husseini, qui écrit sur les
questions liées à l'islam et l'islamisme.
«La démocratie creuse sa tombe en Occident,
parce que les valeurs de ce genre de parti vont à l'encontre de celles
des démocraties», a affirmé à Sputnik l'essayiste Waleed al-Husseini,
auteur de deux best-sellers sur la question de l'islam.
Le parti qu'évoque Waleed al-Husseini, c'est le Parti islamique de
l'Ontario (Islamic Party of Ontario), le premier du genre au Canada.
Plusieurs associations musulmanes existent depuis longtemps au pays de
l'érable, mais aucun parti musulman n'avait encore été créé. Après la
Belgique et les Pays-Bas, le Canada se met de la partie.
D'origine palestinienne, Waleed al-Husseini a été emprisonné et torturé
en territoire palestinien pendant dix mois pour avoir critiqué l'islam
sur son blogue avant de se réfugier en France. Selon lui, la création
d'un parti islamique montre que «notre démocratie devient de plus en
plus faible». «Les islamistes utilisent les libertés démocratiques pour
les retourner ensuite contre nous», a tranché notre interlocuteur.
Faut-il pourtant crier au loup? Si le Parti islamique de l'Ontario
figure maintenant dans la liste de noms réservés de partis sur le site
d'Élections Ontario, ce parti provincial n'est pas encore officiellement
enregistré, mais il pourrait le devenir si ses représentants décident
de poursuivre le processus.
Le Parti islamique de l'Ontario possède déjà un site Internet sur
lequel est affiché son programme. Une plate-forme qui ne surprend pas du
tout Waleed al-Husseini, pour qui «ce sont toujours environ les mêmes
références que l'on retrouve d'un parti islamique à l'autre». On peut y
lire que le Canada est fondé sur «des principes qui reconnaissent la
suprématie de Dieu et la primauté droit», ce qui est effectivement le
cas en regard de la Constitution. Le parti veut toutefois faire
respecter davantage ces principes en faisant activement la promotion de
l'islam. On peut aussi y lire que «l'islam est la religion de l'Ontario
et du Canada» et que l'économie et l'éducation doivent être conformes Ã
ses valeurs. De quoi fait réagir.
«Le Parti islamique de l'Ontario croit en la
suprématie de Dieu et comprend que le respect de notre Constitution
consiste à faire en sorte que toutes les lois des provinces et du
gouvernement fédéral soient conformes à la volonté de Dieu», peut-on
également lire sur le site Internet du parti islamique.
La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux
sociaux. Le célèbre militant pour la liberté de conscience, Tarek Fatah,
a été l'un des premiers à réagir. Il a rapidement écrit un article sur
le sujet dans le Toronto Sun. Un texte qui est presque devenu viral sur
les réseaux sociaux.
Tarek Fatah affirme que le fondateur du parti l'a déjà indirectement
menacé de mort en remettant en question sa foi musulmane. De son nom
Jawed Anwar, cet homme prêcherait à Toronto et serait reconnu pour ses
positions assez radicales. «Une telle allégation équivaut à me déclarer
apostat, ce qui oblige les autres musulmans à me tuer et à se garantir
une place au paradis», écrit Tarek Fatah dans son texte du 1er janvier
2019.
M.Fatah est catégorique: il estime que le nouveau parti vise à faire appliquer la charia en Ontario, c'est-à -dire les règles du droit islamique.
Comme Tarek Fatah, Waleed al-Husseini croit que ce parti vise Ã
instaurer la charia en Ontario, même si ses chances de remporter une
élection demeurent très faibles. D'ailleurs, en Ontario, des militants
musulmans avaient déjà milité en faveur de l'application de la charia
pour trancher des litiges matrimoniaux. Ce que n'a pas manqué de
rappeler notre interlocuteur. En 2005, le Premier ministre ontarien,
Dalton McGuinty, renonçait officiellement à ce que sa province devienne
le premier État occidental à autoriser le recours à la charia dans le
domaine du droit matrimonial.
«Cela me dit qu'un parti islamique similaire à celui de la Belgique a
été créé au Canada. Le parti islamique de l'Ontario aura donc
sensiblement les mêmes revendications: tout d'abord, la séparation des
femmes et des hommes dans les transports publics. […] Ce type de parti
utilise à la fois les musulmans et l'islam pour faire avancer son propre
agenda idéologique, celui de l'islamisation complète de la société», a
conclu M.al-Husseini au micro de Sputnik.
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